La chapelle de la Sorbonne à Paris nommée sur la World Monuments Watch 2025

Après des décennies de fermeture en raison de problèmes structurels et de conservation, la nomination de la Chapelle de la Sorbonne sur la Watch 2025 marque le début d'un nouveau chapitre pour le monument.

Paris, le 15 janvier 2025 - Le World Monuments Fund (WMF) a annoncé aujourd'hui les 25 sites dans le monde qui figurent sur la liste 2025 du World Monuments Watch. Représentant 29 pays sur cinq continents cette édition inclut une grande variété de sites du patrimoine culturel, parmi lesquels la chapelle de la Sorbonne en France. Ainsi, en partenariat avec la Ville de Paris et la Chancellerie des Universités de Paris, le World Monuments Fund travaillera sur les questions de conservation ainsi que sur le programme de réouverture de la chapelle Sainte-Ursule de la Sorbonne, dite Chapelle de la Sorbonne, haut lieu de la culture intellectuelle française.

« Depuis sa création en 1996, la World Monuments Watch est un outil crucial pour le WMF afin de comprendre l'évolution des besoins des sites patrimoniaux et des communautés qui en dépendent », a déclaré Bénédicte de Montlaur, CEO du World Monuments Fund. 

Programme alliant mobilisation internationale et actions de conservation de patrimoine locales, la World Monuments Watch agit comme un accélérateur de soutien aux lieux les plus menacés dans le monde et à ceux qui les préservent, mettant ainsi en lumière à la fois les nouveaux défis menaçant le patrimoine mondial et les communautés qui s’appuient sur le patrimoine pour répondre aux grands enjeux de notre époque.

« Le comité scientifique du WMF en France se réjouit que la chapelle de la Sorbonne ait été retenue dans cette sélection. Cela témoigne de l’attachement international porté à ce lieu emblématique de la culture française et de son rayonnement dans le monde. C’est une joie que ce lieu d’histoire et de mémoire puisse ainsi, à terme, être ouvert au public. » Stéphane Bern, président du comité scientifique du WMF en France.

La Sorbonne dans l’histoire 

La Sorbonne, siège de l'ancienne Université de Paris et désormais de la Chancellerie des universités de Paris et d’Île-de-France qui en est l’héritière depuis 1971, reste à la fois un lieu d'enseignement, de recherche et de quête intellectuelle. Le riche patrimoine architectural de la Sorbonne, dont la chapelle compose un élément important, incarne le reflet d'une tradition qui s'étend sur plus de huit siècles. 

Au cœur du quartier latin animé par les étudiants de Paris se dresse le symbole de la plus vieille université de France, la coupole de la chapelle de la Sorbonne. Point de repère majeur de l'architecture religieuse classique française dans ce quartier étudiant par excellence, la chapelle Sainte-Ursule de la Sorbonne (ou chapelle de la Sorbonne) est aujourd'hui l'un des bâtiments les plus emblématiques de Paris. Elle abrite des trésors insoupçonnés et constitue un témoin unique de l’architecture du Paris du XVIIe siècle conçue par les artistes les plus talentueux de leur temps. 11 000 étudiants passent chaque jour les portes de ce campus historique parisien.

Un joyau de l'architecture française 

La chapelle de la Sorbonne s'élève sur le site du collège de théologie fondé par Saint Louis au XIIIe siècle. Elle est érigée entre 1635 et 1648, date de sa consécration. Surmontée d’une grande coupole, elle avait pour vocation d'accueillir le tombeau des Richelieu, à commencer par celui du cardinal de Richelieu – personnage emblématique de l’histoire de France –, qui avait restauré la Sorbonne et en avait été le proviseur. Lorsqu’en 1626 le cardinal de Richelieu décida de donner au collège de la Sorbonne un nouveau visage, il choisit de faire de la chapelle de la Sorbonne le cœur de la nouvelle université. Elle fut édifiée sur les plans de Jacques Lemercier (1585-1654), architecte du roi Louis XIII, et ornée de peintures murales uniques en France réalisées entre 1641 et 1644 sur l'ensemble du voûtement du plafond de la coupole par le peintre portraitiste et religieux Philippe de Champaigne (1602-1674), figure majeure de l'école française. Il est à noter que Philippe de Champaigne peint les écoinçons, les peintures décoratives du lanternon et les parois de la coupole de la chapelle de la Sorbonne.

Au cours de la Révolution française, la chapelle fut vandalisée, les œuvres dispersées ou pire, détruites. Elle resta dans cet état de délabrement jusqu’en 1808. Restaurée, elle fut rendue au culte pour les professeurs de la Sorbonne jusqu’en 1906 à l’issue du vote de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le 10 février 1887, la chapelle de la Sorbonne fut classée sur la liste des monuments historiques.

Entre 1885 et 1901, une longue campagne de reconstruction de la Sorbonne est entreprise par l’architecte Henri Paul Nénot. C'est à cette occasion que l'on retrouva, dans la cour d’honneur, les fondations de l'ancienne chapelle du XIVème siècle, détruite au XVIIème siècle. La chapelle, comme l’ensemble de la Sorbonne, est propriété de la Ville de Paris par un décret pris par Napoléon III en 1852 qui pose comme condition de cette propriété l’affectation à perpétuité du bâtiment au siège du Rectorat de Paris et à plusieurs facultés, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Le tribunal administratif de Paris choisit d’ôter la vocation cultuelle de la chapelle, dont la conservation est gérée par la Ville de Paris, en 1957.La toiture de la chapelle est abimée par la tempête de 1999, ce qui occasionna d’importants dégâts sur une partie des voûtes et parements et imposa une nouvelle fermeture pour raisons de sécurité. En 2004, une nouvelle campagne de restauration a été entreprise sur les façades et les couvertures pour stopper les nombreuses infiltrations qui menaçaient les décors et les voûtes de la chapelle de la Sorbonne. Cette dernière campagne s'est achevée en 2008.

Un défi audacieux, mais indispensable

Exceptées quelques rares ouvertures, la chapelle est fermée au public depuis 25 ans et nécessite aujourd’hui d'importants travaux de restauration pour préserver les voûtes et parements intérieurs, les décors et les œuvres d’art majeures que sont les peintures murales de Philippe de Champaigne, et notamment les médaillons des pendentifs représentant les quatre pères de l’église latine, ainsi que les peintures de Louis Charles Timbal (1821-1880) réalisées en 1873-1876 pour décorer les deux bras du transept.

Afin de sauvegarder ce patrimoine, des interventions urgentes doivent être engagées en priorité au niveau du chœur, de la coupole et de la tribune d’orgue.

« Ce projet de restauration en vue d’une réouverture de la chapelle représente une magnifique opportunité de mettre en lumière le rôle essentiel joué par les bâtiments patrimoniaux qui nous entourent. Nous nous réjouissons de travailler, main dans la main avec la Ville de Paris et la Chancellerie des universités de Paris, pour rendre accessible ce joyau architectural, cœur du quartier latin, aux étudiants, Parisiens et touristes. » déclare Mathilde Augé, directrice du World Monuments Fund en France.

« Le temps de la réouverture et de la redécouverte de cette chapelle, véritable bijou du patrimoine parisien, s’ouvre enfin. Je l’espérais depuis longtemps et je veux remercier très chaleureusement le Word Monuments Fund d’avoir su reconnaître la richesse et l’importance de la chapelle de La Sorbonne pour son architecture et les œuvres majeures dont les signatures nous obligent et nous honorent. » a annoncé Karen Taïeb, élue adjointe à la Mairie de Paris en charge du patrimoine, de l’histoire de Paris et des relations avec les cultes

« La Sorbonne a toujours été considérée comme le cœur de l’université française, par l’excellence des formations et de la recherche qui s’y déploient, et par son rayonnement international. Et le cœur de ce cœur, c’est la chapelle, que les étudiantes et étudiants voient tous les jours en franchissant les portes de la cour d’honneur. Pourtant, depuis trop longtemps maintenant, aucun d’eux ou presque n’a pu y pénétrer. Le soutien du WMF permet donc d’entrevoir une nouvelle vie intellectuelle et culturelle pour la chapelle et d’en faire à nouveau un lieu de vie, dont bénéficieront en premier lieu les communautés universitaires », se réjouit Bernard Beignier, recteur de la région académique d’Ile-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités de Paris et d’Ile-de-France.

Sur le WMF 


Le World Monuments Fund est la principale ONG internationale dédiée à̀la protection de lieux exceptionnels par leur architecture ou par leur histoire dans le monde, afin d'enrichir les vies et de renforcer la compréhension mutuelle. Depuis 1965, le WMF a collecté 300 millions de dollars pour soutenir plus de 700 projets dans 112 pays. Ses experts hautement qualifiés appliquent des techniques éprouvées et efficaces pour préserver d'importants sites du patrimoine architectural et culturel dans le monde entier. En partenariat avec des acteurs de la société civile, des bailleurs de fonds et des gouvernements internationaux, le World Monuments Fund espère susciter un engagement profond à protéger ces lieux pour les futures générations. Basé à New York, le WMF a des bureaux et filiales dans le monde entier. 

Mise à jour : janvier 2025