5 questions à... Jean-Philippe Laby

Chef d'établissement
Collège Jean Moulin, 14ème arrondissement

« Responsabilités et collectif »

1. D'abord un mot pour décrire votre établissement, ce qui le rend unique ?

    Situé dans un secteur qui s'étend du parc Montsouris à la porte d'Orléans, le collège Jean Moulin accueille des élèves aux profils variés, ce qui fait toute sa richesse. Cette diversité se reflète dans les options et les dispositifs de l’établissement : une ULIS, une option judo – qui deviendra une section sportive l’an prochain –, une section bilangue allemand, un atelier théâtre, un club histoire qui réunit 40 élèves de troisième et qui travaille en partenariat avec le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin... Ces quelques illustrations qui témoignent d’une belle dynamique éducative et pédagogique est une fierté pour l’ensemble de la communauté scolaire.

    2. Pourriez-vous nous présenter votre parcours professionnel et les étapes qui vous ont conduit à devenir principal de collège ?

    Je viens d'une famille de fonctionnaires très attachés au service de l'État – mais personne ne travaillait dans l'Éducation nationale. Mon intérêt pour l'histoire m'a conduit à des études dans ce domaine. J'ai poursuivi jusqu'en maîtrise puis, sur les conseils de mon directeur de recherche, je me suis décidé à passer les concours de l'enseignement. Enseigner n'était pas une vocation, pourtant dès de ma première heure de cours, en 2006, au lycée Braque d'Argenteuil, j'ai compris que j’avais trouvé ma voie.

    Assez rapidement, j'ai ressenti le besoin d'aller au-delà de ma discipline pour accompagner les élèves, participer à la mise en place de solutions collectives avec mes collègues, les CPE, les personnels médicaux-sociaux, m’investir dans les instances et projets… Cela m’a amené à m’interroger sur le métier de personnel de direction. J’ai obtenu le concours en 2012, et j'ai pu intégrer l'académie de Paris.

    J’ai pris mon premier poste au collège Malraux, dans le 17e arrondissement, où j'ai travaillé avec un chef d'établissement exceptionnel, très humain. Ce collège accueillait à la fois des élèves favorisés et des élèves en grande difficulté, ce qui a fait tomber certains a priori sur les réalités éducatives. Après trois ans, j'ai rejoint la cité scolaire Montaigne, où j'ai collaboré avec un chef d'établissement au sens aigu du service public ; j'ai également appris à appréhender certains aspects techniques et financiers du métier de personnel de direction grâce à un adjoint gestionnaire très pédagogue. Par la suite, j'ai pris un poste d’adjoint à l'école Boulle, un environnement très différent. Collège, cité scolaire, école d’art : fort de ces expériences variées, j’ai donc pu aborder sereinement le passage d’adjoint à chef d’établissement.

    3. Quelle est votre ligne directrice en tant que chef d’établissement ?

    Je suis convaincu de la puissance du travail collectif.

    Les meilleures décisions émergent de la collaboration, où chacun trouve sa place pour renforcer le sentiment d'appartenance à l'établissement. En favorisant une approche horizontale, on crée un environnement où chacun se sent intégré. Cela génère une véritable dynamique collective qui permet aux élèves de gagner en confiance, d'oser et de surmonter leurs difficultés.

    Cette confiance s’instaure progressivement, et les dynamiques  mettre en œuvre sont comparables à celles présentes dans un sport collectif : on doit savoir où se trouvent les autres, vers qui se tourner, comment coopérer pour réussir ensemble. Je considère qu’il est de ma responsabilité de préserver et de développer cette harmonie.

    4. Quels défis rencontrez-vous au quotidien et quelle est votre plus grande fierté ?

    Le principal défi est d’asseoir sa légitimité. Ce n’est pas le fait de donner un ordre qui fait de vous un cadre, un personnel de direction. Quand j'ai commencé, j'étais jeune, j'ai dû travailler sur mes compétences en profondeur pour fonder cette légitimité, notamment en obtenant un master en management des organisations scolaires.

    Aujourd'hui, ma plus grande fierté est de voir chacun trouver sa place au sein du collège, de partager des moments de travail en équipe mais également de convivialité, de voir transparaître un bien-être parmi les personnels et les élèves ... C'est la preuve que chacun trouve du sens dans son quotidien professionnel également.

    5. Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite rejoindre l’éducation nationale et devenir enseignant ?

    C’est un beau métier où l’on apprend toujours, à tout âge, où l’on évolue constamment sur ses pratiques. Mais c’est aussi un métier difficile qui cristallise beaucoup d’enjeux, un métier-clé qui implique de grandes responsabilités. Il faut être conscient des avantages, de tout ce qu’on va apporter et recevoir (réussite et épanouissement, remerciements…) mais ne pas oublier l’autre aspect de la médaille.

    L’école n’est pas un milieu déconnecté des problèmes de la société. L’enseignant qui arrive dans une salle de classe pour la première fois ne doit pas penser que les élèves seront en capacité de laisser toutes leurs difficultés à la porte de la salle de classe. 

    C’est un métier individuel qui a également une dimension collective forte : co-formation, mentorat, échange, entraide… C'est une immense responsabilité, mais aussi une source d'épanouissement.

     

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    Mise à jour : février 2025