1. Pourriez-vous nous parler de votre parcours ?
C’est ma deuxième année à la cité scolaire Jules Ferry, ma première année en tant que fonctionnaire titulaire. Nous sommes deux infirmiers dans l’établissement, avec une collègue en service partagé. Avant cela, j’ai été contractuel pendant un an, réparti sur deux collèges du 14ᵉ arrondissement.
Le déclic pour cette carrière d’infirmier s’est produit à l’université. J’ai été témoin d’un accident : une personne a eu un problème cardiaque, et je me suis senti impuissant. Cela m’a poussé à passer le concours d’infirmier. Je ne l’ai tenté qu’une fois, et j’ai été admis à l’école de Metz.
Mon parcours après l’école a été varié : j’ai travaillé au bloc opératoire en chirurgie digestive et endocrinienne, et bloc d urgences, en soins continus et dans divers services… Ce parcours riche m’a aussi conduit à travailler dans un EHPAD. J’ai également été cadre infirmier pendant dix ans.
J’ai ensuite été tenté par la fonction d’infirmier scolaire. Or cette fonction n’a pas une excellente image dans le milieu infirmier, car on peut craindre de s’ennuyer, de ne plus être dans la « vraie » action ; aussi, avant de postuler, j’ai voulu me renseigner in situ. Grâce à un chef d’établissement, j’ai pu passer une matinée d’observation, et cela m’a immédiatement plu.
2. Quelles sont vos missions au quotidien ?
Chaque journée est différente.
J’accueille les élèves, je recueille leur parole, je suis là pour les accompagner. Je les oriente vers des professionnels adéquats lorsque cela est nécessaire afin de contribuer à leur bien-être physique et/ou psychologique.
Je participe au Comité d’Éducation à la Santé, à la Citoyenneté et à l’Environnement, une instance qui permet de mettre en œuvre la politique de l’établissement en matière d’éducation et de prévention.
En matière de prévention, je mets en place des actions sur des thématiques comme la sexualité ou les addictions, en m’appuyant sur des partenaires extérieurs. Par exemple, nous menons des actions de sensibilisation avec des étudiants en médecine et en pharmacie, des policiers formateurs, mais aussi en interne avec les référents harcèlement de l’établissement. Nous abordons des sujets comme le consentement, l’usage du préservatif, les IST, en intégrant toujours les champs sociaux, légaux et biologiques.
C’est un travail d’équipe, impliquant de nombreux acteurs : enseignants, assistants d'éducation, AESH… Il est crucial de bien comprendre avec qui on travaille pour assurer une bonne coordination.
3. Qu'est-ce qui vous a le plus étonné lors de votre prise de fonction ?
J’ai été surpris de découvrir que nous ne sommes pas dans le curatif, mais dans l’éducatif et le préventif. Le temps entre l’action et la réaction peut parfois être long, ce qui est très différent de l’hospitalier.
Un autre étonnement a été mon positionnement hiérarchique ; je dépends administrativement du chef d’établissement, ce qui peut surprendre au départ
Et puis il y cette notion de collectif, très forte, à laquelle je ne m’attendais pas forcément : ma hiérarchie, avec qui je me sens en confiance, l’équipe médico-sociale, l’Infirmière Conseillère Technique auprès du Recteur, mes homologues dans le cadre des réunions de bassin…
4. Quelle réussite mettriez-vous en avant ?
C’est sans doute d’avoir pleinement joué mon rôle dans la protection de l’enfance, notamment en rédigeant des informations préoccupantes. Contribuer à l’apaisement d’une situation délicate voire au soulagement d’un jeune, c’est, de fait, se rendre « utile ». La protection des mineurs est un aspect fondamental de mon métier.
5. Que diriez-vous à quelqu'un qui s'interroge sur la fonction d'infirmier scolaire ?
Il faut avoir un réel intérêt pour le public, en l’occurrence les élèves, et un vrai sens de l’écoute. Le respect du cadre, l’attention et le non-jugement sont primordiaux. Il faut aussi être rigoureux dans l’objectivité, sans jamais interpréter les mots d’un élève.
Il est également essentiel de bien comprendre le cadre de travail, d’aimer travailler en équipe, de savoir gérer les urgences et d’être à l’aise avec l’idée de se retrouver seul face à un diagnostic.
La dimension médico-sociale est au cœur du métier. Si l’on ne croit pas à ce que l’on fait, il vaut mieux ne pas se lancer…
► Tout savoir sur le métier d'infirmier de l'éducation nationale

Mise à jour : janvier 2025