Des académiciens en Sorbonne - Jean-Robert Pitte - Comment conserver le patrimoine français ?

À l’initiative conjointe de Jean-Robert Pitte, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, et de Christophe Kerrero, Recteur de la région académique d’Île-de-France, Recteur de l’académie de Paris, Chancelier des universités de Paris et d’Île-de-France, un cycle de conférences-débats intitulé "Des académiciens en Sorbonne" a été conçu.

Éclairés par de prestigieux académiciens, des élèves issus des académies de Créteil, Paris et Versailles abordent des points de leurs programmes, liés notamment au parcours citoyen de l’élève au collège et au lycée ou encore aux nouvelles spécialités du lycée.

La première séance de ce cycle s'est tenue dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le 22 janvier 2021.

Comment conserver le patrimoine français ?


Le patrimoine, c’est l’héritage des pères (patrimonium désigne en latin les biens de famille). Au sens actuel de biens culturels matériels (bâtiments, villes, paysages, objets d’art, etc.) ou immatériels (valeurs fondatrices du désir de vivre individuel et collectif, langues, pratiques sociales, savoir-faire, etc.), il s’agit d’héritages culturels venus du passé et qui sont acceptés, aimés, voire admirés et même vénérés. Le patrimoine n’a d’intérêt que lorsqu’il est vivant, c’est-à-dire en constante évolution. Certaines époques négligent voire rejettent et détruisent les héritages du passé. C’est le cas des monuments et oeuvres d’art de la Grèce ou de la Rome antique qui ont été abandonnés et même détruits entre la fin de l’Antiquité et la Renaissance, encore plus longtemps pour les vestiges des civilisations mésopotamienne ou égyptienne. On songe également aux Bouddhas de Bamiyan. Dans l’Europe médiévale, n’étaient considérés comme patrimoine que les reliques et les textes sacrés, mais nullement les bâtiments, les paysages ou les oeuvres d’art. Nombre d’églises romanes ont été remplacées par des églises gothiques et, plus tard, baroques. C’est à partir de la Renaissance que l’on commence à exhumer, conserver et restaurer les témoignages de l’Antiquité et il faut attendre le XIXe siècle (Hugo, Mérimée, Viollet-le-Duc) pour que soient remis en état les héritages médiévaux. Aujourd’hui, la tendance est à considérer comme patrimoine tout ce qui a plus de cinquante ans, y compris des vestiges industriels ou prosaïques… Plus que du respect pour le passé, il s’agit plutôt de l’expression d’une inquiétude. Cela n’empêche pas nombre de créateurs dans les différents domaines de la culture, y compris la cuisine, de revisiter les références patrimoniales pour se les approprier avec leur sensibilité contemporaine, soit pour les « réinventer » dans le meilleur des cas, soit hélas pour en faire « table rase », souvent par ignorance. Ce qui vaut pour les créateurs vaut naturellement pour leurs publics : il ne peut pas y avoir de patrimoine vivant s’il n’y a pas d’amateurs pour le connaître, se reconnaître en lui et le partager. On analysera particulièrement le cas du patrimoine culinaire, « le repas gastronomique des Français » ayant été inscrit en 2010 par l’UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.

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Interview de Jean-Robert Pitte à l'issue de sa conférence en Sorbonne

Mise à jour : mars 2022