Confinement, numérique et apprentissages : retour d’expérience de deux enseignants

Pendant le 1er confinement, la CARDIE de Paris a partagé les pratiques de nombreux enseignants pour faire face à cette situation inédite

Nous vous présentons en parallèle les témoignages de Mme Lamballe, professeure stagiaire de mathématiques à la cité scolaire Camille Sée et de M. Reula, professeur de physique-chimie en BTS Métiers de la chimie à l’ENCPB/lycée Pierre-Gilles de Gennes, dont les démarches pédagogiques sont proches. C’est aussi l’occasion de faire un premier bilan et d’envisager l’impact de ces bouleversements sur l’après-confinement.

Pendant le confinement Mme Lamballe, professeure stagiaire de mathématiques à la cité scolaire Camille Sée et M. Reula, professeur de physique en BTS formulation à l’ENCPB/lycée Pierre-Gilles de Gennes ont mis en place de nouveaux rituels de travail avec leurs élèves.

Des capsules vidéos pour amorcer le cours

Mme Lamballe a décidé, avec ses deux classes de collège (5ème et 4ème), de synchroniser ses interventions sur l’horaire de cours habituel. La séance débute par un capsule vidéo de 5 minutes qui explicite les grandes lignes de la leçon. Les élèves et la professeure échangent ensuite par tchat. Les élèves peuvent décider de rendre leur question visible par toute la classe ou bien de ne l’adresser qu’à la professeure.  Mme Lamballe réalise alors des sondages instantanés afin de valider les acquis et d’identifier les notions qui nécessitent d’être réexpliquées ou approfondies.

Mme Lamballe estime que synchroniser les tchats sur les horaires de cours habituels permet de garder un rythme scolaire et de mieux impliquer les élèves, qui sont sollicités « en direct ». Il convient cependant de faire preuve de souplesse avec ceux n’ayant pas accès à l’ordinateur sur le créneau horaire, qui peuvent bien entendu faire leur travail « en différé », en visionnant la capsule vidéo quand ils le peuvent et en dialoguant avec la professeure via l’ENT.

 Comme Mme Lamballe, M. Reula réalise et publie une capsule vidéo (une quinzaine de minutes pour ses élèves de BTS). Les étudiants doivent répondre à une dizaine de questions dans les 48 heures.

Ce délai a été négocié avec les étudiants. Pour l’enseignant il présente de nombreux avantages : il permet aux étudiants, qui peuvent revisionner la capsule, de mieux assimiler les notions, ils gagnent ainsi en autonomie. Parfois ce travail doit se faire en groupe, en complétant à distance un document collaboratif, ce qui est très formateur pour leur future activité professionnelle.

Des visioconférences ponctuelles

Depuis le retour des vacances Mme Lamballe complète cette modalité de travail, une fois par semaine, par une visioconférence de questions/réponses avec les élèves. Pour M. Reula, cette séance de « debriefing » en visioconférence est essentielle au processus d’apprentissage.  De plus à l’ENCPB ces séances de visio sont enregistrées ce qui permet aux étudiants de réécouter éventuellement certaines explications.

Quel bilan pédagogique depuis le début du confinement ?

Pour Mme Lamballe, qui débute dans le métier, cette période de confinement permet de découvrir et de prendre en main des outils numériques qu’elle utilisait peu, en dehors de quelques applications incontournables en mathématiques comme GeoGebra. C’est aussi l’opportunité d’être davantage en contact avec les parents d’élèves, dont elle a reçu des retours très positifs. Cela renforce le lien avec certains collègues via un groupe de discussion. Enfin, le rapport avec certains élèves s’est aussi amélioré, ce qui renforce la relation de confiance.

Travailler avec le numérique n’est pas une nouveauté pour M. Reula et ses étudiants, familiers de l’utilisation d’un drive permettant de centraliser les cours et les corrections de devoirs. Du coup, le passage au confinement s’est fait de manière assez fluide. M. Reula confirme un renforcement du lien avec ses étudiants ; il note à la fois une plus grande volonté d’apprendre de leur part ainsi qu’une proximité beaucoup plus forte. « J’ai l’impression que les élèves donnent le meilleur d’eux-mêmes, l’aspect défiance/méfiance que l’on peut connaitre parfois en présentiel est désormais totalement effacé. »

D’autre part M. Reula remarque que l’outil numérique a permis une meilleure individualisation de l’accompagnement pédagogique et pour certains, parfois très discrets en classe, un investissement beaucoup plus fort. Ainsi, une élève aux évaluations très moyennes depuis le début de l’année a vu ses résultats s’améliorer considérablement.

Et après ? Que conserver de cette expérience ?

 « Au niveau professionnel, cette période est un vrai enrichissement » nous dit Mme Lamballe : cela a été l’occasion de chercher le plus possible à varier les supports, d’innover, de tester les choses.  Elle a désormais envie de profiter au maximum des possibilités offertes par le numérique.

 « Le confinement m’a donné une opportunité unique de mettre en pratique ce que j’avais imaginé ! » s’enthousiasme M. Reula. Amélioration des résultats et du climat scolaire, davantage de travail collaboratif, meilleure maitrise des outils numériques par les étudiants…qui attendent cependant avec une certaine impatience de pouvoir se retrouver en présentiel pour échanger sur leurs acquis et leurs méthodes !

Mise à jour : janvier 2022