SAMR, un modèle à suivre pour développer le numérique

L’impulsion numérique donnée par la loi de refondation de l’école de 2013, le PNE en 2015, le SNEE en 2022, puis les TNE oblige les académies à engager des moyens importants dans la formation des enseignants. Alain Levy nous révèle ici comment trouver les meilleures conditions de cette formation.

Ruben Puentedura est un chercheur américain, expert des questions relatives à l’éducation et aux transformations induites par les technologies de l’information. Il est également enseignant à Harvard.
Il a proposé le modèle SAMR (substitution, augmentation, modification, redéfinition) qui est une référence en matière d’intégration du numérique dans l’éducation. Ce schéma reflète une manière dont un enseignant et, par extension, un formateur peut parvenir à une introduction raisonnée du numérique afin de dynamiser ses pratiques pédagogiques.

En effet, ce modèle se présente sous la forme d’une grille de référence en quatre étapes qui permet à l’enseignant de s’interroger sur l’usage des outils numériques en classe et sur la plus-value espérée. Ce schéma recentre ce qu’est un outil numérique : une technologie au service de l’élève et non un but en soi. Ce modèle utilise donc la technologie pour centrer l’enseignement sur l’élève. L’objectif principal est d’engager l’élève dans son apprentissage afin qu’il soit signifiant. Examinons un peu plus en détail le fonctionnement de cette échelle.

Substitution

Au bas de l’échelle se trouve le point de départ de l’acquisition d’un outil informatique en remplacement d’un outil non numérique existant pour effectuer la même tâche qu’avant. Exemple : utiliser un traitement de texte à la place du papier et du stylo. Analyse : même si l’on peut considérer que l’élève dispose d’une nouvelle compétence en utilisant un clavier et une imprimante, l’apport reste limité. L’enseignant peut alors se poser la question des bénéfices attendus avec cette étape de substitution.

Augmentation

La 2e étape constitue à réaliser qu’un facteur d’amélioration réside dans la substitution par une technologie numérique, c’est-à-dire qu’elle apporte des fonctionnalités supplémentaires permettant une efficacité accrue. Exemple : le correcteur orthographique et grammatical
du traitement de texte ou les outils de mise en forme, l’insertion d’un graphique… Analyse : l’enseignant peut ici s’interroger pour déterminer si ces nouvelles fonctionnalités apportent une plus-value pédagogique fondamentale par rapport à la même tâche effectuée auparavant sans outil numérique. Pendant de nombreuses années, la formation des enseignants aux outils numériques s’est concentrée sur ces deux premières étapes pour le remplacement de pratiques pédagogiques par d’autres utilisant un ordinateur.

Modification

La 3e étape est celle où les outils numériques permettent de modifier totalement le processus d’exécution d’une tâche par les élèves et permettent des approches impossibles ou tout au moins très difficiles à mettre en place sans le numérique. Exemple : l’utilisation d’un module Etherpad ou Google docs qui permet de créer un document texte en ligne pouvant être partagé par une simple adresse internet. Plusieurs élèves peuvent travailler sur le même document pour une activité d’écriture collaborative. L’enseignant mais aussi les autres élèves peuvent annoter, commenter et compléter le document au fur et à mesure de sa conception. Analyse : la nouvelle manière de travailler induite par un tel outil modifie la pratique pédagogique de l’enseignant par l’interaction qu’elle crée entre les élèves. Des questions subsistent. Cette pratique est-elle possible uniquement par l’existence de l’outil ou ces comportements pourraient-ils être déclenchés sans ordinateur ? L’enseignant est-il prêt à effectuer ces changements pédagogiques ?

Redéfinition

Le dernier niveau est celui où la maîtrise technologique est telle que le numérique permet la création de tâches entièrement nouvelles et impossibles sans son apport. Exemple : l’élève peut enrichir son texte pour obtenir une production multimédia : intégrer une vidéo, du son, mettre en ligne son document et le diffuser largement via une page web. Il recevra alors des commentaires d’internautes partout dans le monde. Analyse : cette étape est celle qui permet de mettre en œuvre de nombreuses compétences telles que la créativité, la collaboration, la communication. Pour l’enseignant, c’est le moment d’analyser les tâches qui n’auraient jamais été possibles auparavant et d’évaluer
l’apport du numérique. Il est évident que ces deux derniers niveaux transforment fondamentalement la manière d’enseigner
et les attendus des élèves. Ils permettent, grâce aux technologies numériques, de développer des compétences
que Ruben Puentedura considère comme essentielles au XXIe siècle : analyser, évaluer et créer. La question qui se pose et à laquelle je vais tenter d’apporter des pistes de réflexion est celle de la formation des enseignants pour qu’ils atteignent ces deux derniers niveaux.

Lire la suite de l'article d'Alain Levy extrait de la revue TECHNOLOGIE n°206 | Canopé | janvier-février 2017

Mise à jour : janvier 2024