Une classe mutuelle au lycée Dorian

Et si les élèves imaginaient une autre organisation de la classe ...Bientôt les tables forment des îlots, les murs se couvrent de tableaux blancs et les élèves circulent.

Un jour, Vincent Faillet, professeur de SVT, observe sa classe de Terminale S. Les rangées d’élèves bien alignées se succèdent jusqu’au mur du fond. « Si j’étais un enseignant du XIXe siècle, je ne serais pas surpris par la disposition de cette classe ! » Et si les élèves imaginaient une autre organisation de la classe ? Bientôt les tables forment des îlots, les murs se couvrent de tableaux blancs et les élèves circulent … Le mobilier scolaire de la classe mutuelle donne toute sa place au corps

L’espace autorise le mouvement

  • Les tables, assez hautes pour des lycéens, découpées en formes irrégulières peuvent s’assembler et s’organiser diversement selon les besoins, selon les groupes.
  • A chaque table est prévu un porte sac… un détail qui permet de circuler sans entraves.
  • Le dossier des sièges n’a qu’un seul montant pour que l’occupant puisse pivoter, se retourner comme sur un tabouret. Ce design sans tablette individuelle ni roulettes, contrepoint de la « steelcase », mobilise le corps dans le processus d’apprentissage. La liberté offerte par le mobilier autorise les élèves à se lever pour circuler, aller vers les autres, se rendre auprès des murs-tableaux.
  • Tous les murs de la classe ont été habillés de tableaux blancs comme autant d’espaces libres de mutualisation où les élèves partagent leurs recherches, éprouvent leur pensée, tracent leurs raisonnements.
  • Le tableau est à la taille de la production commune, plus grand qu’une feuille A4, lisible et visible par tous : celui qui écrit, le groupe, la classe, le professeur.
  • Les élèves sont debout, en position verticale, en posture d’expliquer, de montrer aux autres, d’exposer avec des gestes en plus des mots et de l’écrit.

La pédagogie gagne en liberté

« J’ai pu m’approcher des élèves », le professeur descend dans la classe. Son regard parcourt les tableaux qui se couvrent petit à petit des productions des élèves. Cette vision panoptique lui permet d’observer et de contrôler le processus d’apprentissage, d’intervenir si nécessaire.

Dans cette configuration, une nouvelle gestion des compétences s’organise. Les élèves vont chercher les connaissances qui leur manquent auprès de leurs camarades. Ils osent demander des éclaircissements à ceux qui ont mieux compris. Les uns renforcent leur savoir par la transmission et les autres comblent leurs lacunes grâce à l’explication fournie par leurs pairs avec d’autres mots que ceux du professeur. Le climat de confiance s’établit dans une collaboration où chacun est gagnant.

Le déroulé des séances n’est pas figé ni dogmatique dans l’équilibre entre cours magistral et pratique mutuelle.

Le numérique porté par les élèves

Vincent Faillet, doctorant en sciences de l’éducation, formateur dans le cadre d’un GIPTIC pour l’utilisation du TBI, auteur d’articles de références sur la classe inversée et sur les boîtiers de notes pour la revue STICEF, préconise un numérique « compatible » et non un numérique qui rende dépendant. Aujourd’hui, si l’homme est « augmenté », l’élève l’est aussi, avec son portable par exemple. Plus que jamais, le pédagogue est celui qui « guide », conduit et oriente l’élève dans sa recherche du savoir, du contrôle des sources d’information. Aussi  ne serait-il pas plus important d’avoir dans chaque classe des hubs de branchement pour recharger les portables des élèves et un wifi de qualité que des tablettes ?

La classe mutuelle trouve un écho enthousiaste

Les collègues de sciences et de lettres sont unanimes pour louer cette nouvelle manière d'enseigner. Ce concept, à l’ère de la complexité du XXIe siècle, reçoit le franc soutien du proviseur qui a permis l’aménagement d’une seconde classe. Vincent Faillet est sollicité par son inspection et la DEGESCO pour intervenir en formation initiale des cadres.

Pour en savoir plus :

Photos : V. Faillet

 

Mise à jour : avril 2022