" Vulnérabilité, résistance, résilience " : séminaire participatif à l’Ecole Nationale de Commerce

La Cardie accompagne ce séminaire au cours duquel universitaires et élèves de CPGE ou de BTS interviennent ensemble, face un public d'étudiants et de chercheurs.

Un séminaire "participatif", qu'est-ce que c'est ?

La participation des étudiants au séminaire prend une forme nouvelle dans la mesure où ils ne sont pas seulement auditeurs : ils endossent le rôle de conférencier. Leurs interventions alternent avec celles de chercheurs, d’enseignants et de doctorants. Chaque présentation dure une vingtaine de minutes. Elle est suivie d’une échange d’un quart d’heure avec le public, composé d’étudiants (classes préparatoires et BTS) et de professeurs de l’ENC.

Ce format, proche de celui des épreuves orales des concours, permet aux étudiants de s’entraîner à la construction d’une argumentation documentée ainsi qu’à l’expression orale en public. La confrontation des points de vue est source d’un enrichissement culturel et intellectuel propre à développer l’esprit critique. Enfin, cela leur permet de rencontrer des universitaires et de s’ouvrir au monde de la recherche.

Le travail de préparation

Le séminaire de l’ENC propose chaque année un thème en rapport avec les inégalités et la lutte contre la grande pauvreté :

  • « Les discours sur la pauvreté : cultures, économie, commerce » en 2020
  • « Les cultures de la performance à l’épreuve des inégalités » en 2021
  • « Vulnérabilité, résistance, résilience » en 2022

Les étudiants choisissent librement, à l’intérieur de ce thème, un sujet qui leur tient à cœur et les motive. Ils s’investissent dans le travail de préparation : sélection du corpus, état de l'art, problématisation, recherche documentaire (ouvrages, documentaires, expositions...), organisation des idées, mise en mots, formulation, contraintes du temps imparti, élocution et éloquence...

Les enseignants de l’ENC sont eux aussi fortement engagés dans l’organisation du séminaire : définition de la problématique, recherche des intervenants, préparation des interventions des étudiants en ateliers, communication sur la journée, synthèse des débats, etc.

Les retombées

Après des cessions de 2020 et 2021 menées malgré les difficultés engendrées par le contexte sanitaire, l’amphithéâtre de l’ENC a fait le plein en 2022. Le recul permet de constater que des étudiants ayant participé l'année précédente reviennent, qu'ils soient en 2ème année ou après avoir intégré une école de commerce.

La formule du séminaire participatif crée une dynamique d’échanges animés et spontanés appréciée du public comme des intervenants.

L’exercice améliore la confiance en eux des étudiants. Confrontés à la réalité des divergences de points de vue et à la difficulté de les accepter et de les gérer, ils prennent conscience de la complexité de la pensée.

Ce projet, piloté par Mme Chraibi, enseignante à l'ENC et chercheure au Clesthia (université Sorbonne nouvelle), est accompagné par la Cardie depuis 2019. En 2022, il a été sélectionné pour faire partie de la sélection académique parisienne dans le cadre de la Journée Nationale de l'Innovation 2022.

 

Les perspectives

Les organisateurs envisagent d'élargir le public à d'autres lycées proposant des formations post-bac.

Au sein du lycée, le séminaire participatif va s’insérer dans un projet plus vaste dont l’objectif est d’améliorer l’estime de soi des étudiants.

Par ailleurs, une collaboration avec le Clesthia est en construction dans le cadre d'un projet de lutte contre le décrochage en prépa ECT, en vue de remédier aux difficultés langagières tant écrites qu'orales. L'équipe rassemblera enseignants de prépa ECT, chercheurs en sciences du langage et sociologues.

Les captations des interventions de la journée du 18 mars 2022 :

« Les ménages pauvres et modestes de la France contemporaine : entre pratiques d’adaptation, phénomène de résilience et approche capacitante », Claire Auzuret

Cette communication répondra aux questions suivantes : quelles sont les stratégies d’adaptation déployées par les ménages de travailleurs pauvres et modestes de la France contemporaine pour se maintenir dans un parcours ascendant ? Dans quelle mesure les conduites qu’ils développent permettent-elles d’appréhender les modalités du « halo » de la pauvreté ? Et en quoi la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (SNPLP) vise-t-elle à favoriser les capacités de résilience de ces personnes ?

Pour répondre au questionnement, nous nous appuierons sur les résultats d’un travail de thèse en sociologie qui a porté sur les trajectoires de sortie de la pauvreté d’individus et de ménages vivant en milieu urbain (Auzuret, 2017) et sur une enquête post-doctorale étudiant la gouvernance multiniveaux de la SNPLP (Projet de recherche gouvernance multi-niveaux et SNPLP, 2020).

En premier lieu, nous présenterons les différentes stratégies qu’élaborent les ménages rencontrés pour supporter l’incertitude et la faiblesse de leurs revenus. Nous verrons que certaines de ces pratiques visent à l’économie, que d’autres sont en rapport avec des dépenses difficilement négociables à court terme (Lelièvre, Rémila, 2018) et que d’autres encore reposent sur des formes de soutien familial et/ou institutionnel. En outre, ces pratiques s’affirment et s’intensifient selon le type de parcours de pauvreté dans lequel s’inscrivent les personnes.

En second lieu, nous nous intéresserons au « halo » de la pauvreté (Outin, 2018), c’est-à-dire aux écarts existants entre les approches monétaires et subjectives de la pauvreté. Ce « halo » se compose de deux modalités : la 1ère renvoie aux individus non pauvres au sens monétaire du terme qui s’estiment pauvres et la 2ème à ceux qui bien qu’objectivement pauvres ne se considèrent pas comme tels. Nous verrons que cette seconde modalité du « halo » de pauvreté souligne la capacité de résilience dont font preuve certains ménages.

En troisième lieu, nous nous interrogerons sur les relations entre les composantes de la perspective d’investissement social (peIS) prônée par la SNPLP et la notion de résilience. Nous montrerons que cette perspective comprend une dimension préventive. En cela, elle s’inscrit en partie dans la lignée des travaux d’Amartya Sen (1985, 2000) sur le développement des capacités. Ensuite nous verrons que, selon cette perspective, l’ensemble des difficultés rencontrées par les personnes à un instant T doivent être prises en compte, dans l’optique d’enrayer un phénomène de causalité circulaire, en cherchant à soutenir les capacités de résilience des individus face aux épreuves de la vie (Rosanvallon, 2021).

Claire Auzuret est Docteure en sociologie de l’Université de Nantes et membre du CENS (UMR 6025).

 Documents complémentaires :

de Claire Auzuret

Mise à jour : mars 2023